« Il se mit à danser de façon excentrique et provocante autour de moi. Il savait que j’étais très timide et ça l’amusait de me provoquer. Assise sur ma chaise, tendue, les yeux rivés sur mon assiette, je n’osais plus bouger, priant de toute mon âme pour que cela s’arrête et qu’il me laisse en paix. Je sentais tous les regards se fixer sur moi et mon malaise grandissait. J’étais devenue rouge comme une tomate, je suais, j’avais des palpitations et la boule au ventre.
Mais il ne s’arrêtait pas. Le pire, c’est que devant mon embarras, mes amis se sont mis à rire à gorge déployée. En quelques secondes, ma respiration se bloqua. Seigneur, je n’arrivais plus à respirer ! Brusquement, je me suis levée de table, bousculant mon « persécuteur » et d’autres clients du restaurant au passage tandis que je courais vers la sortie. De l’air, il faut que je sorte ! Laissez-moi sortir !
Enfin dehors ! Mon coeur battait tellement vite que j’avais l’impression qu’il allait exploser d’une seconde à l’autre…tachycardie…je n’arrivais pas à respirer…hyperventilation…angoisse…est-ce que j’allais mourir ? Au bout d’une quinzaine de minutes, ce qui me parut une éternité, je réussis à me calmer, à reprendre mon souffle. Le battement de mon coeur redevint régulier. Assise par terre, pleurant comme une enfant, j’avais fait une crise de panique…au restaurant…devant mes amis… »
En tant que timide, vous avez sûrement déjà entendu parler de la phobie sociale, aussi appelée anxiété sociale. Peut-être même que vous avez vécu quelque chose de similaire à ce que je vous ai raconté et que vous vous demandez si vous en êtes atteint. Nous allons voir ça ensemble !
En quoi consiste la phobie sociale ?
Dans la vie de tous les jours, la phobie sociale est perçue comme une timidité poussée à l’extrême et persistante. Autant dire que c’est très handicapant au quotidien ! La phobie sociale est reconnue comme un trouble psychiatrique. Ce n’est donc pas à prendre à la légère !
En général, elle consiste en un intense sentiment de peur persistante lorsque la personne se trouve face à d’autres personnes et qu’elle est confrontée au regard et aux jugements des autres. Elle peut souvent être associé à une dépression, à diverses dépendances, à des troubles anxieux, à des difficultés relationnelles, à des troubles bipolaires et de l’attention. Certains troubles peuvent même se cumuler et renforcer le mal-être de la personne qui en est atteinte.
L’angoisse de dire, de faire quelque chose de mal ou de se tromper devant d’autres personnes amène la personne souffrant de phobie sociale à se refermer sur elle-même et à éviter toute confrontation avec les autres. Personnellement, j’évitais le plus possible d’être en présence d’autres personnes car cela me générait un gros stress, même en présence de mes amis. Vous pouvez donc imaginer que je ne sortais pas beaucoup !
Quels sont les symptômes de la phobie sociale?
Au-delà de l’aspect émotionnel, un tel trouble implique de nombreux symptômes physiques, psychiques et comportementaux.
Les symptômes physiques de la phobie sociale
La plus grande partie des symptômes physiques peuvent aller jusqu’à une attaque de panique si la personne est trop sollicitée. Tous les symptômes que vous allez découvrir ensuite sont des réactions à la menace ressentie par la personne : c’est ce qu’on appelle la réponse combat-fuite.
Voici les principaux symptômes :
- un rougissement,
- une forte transpiration,
- des tremblements,
- des nausées,
- un bégaiement,
- une oppression au niveau de la cage thoracique,
- des difficultés pour respirer,
- une tachycardie,
- une hyperventilation,
- des douleurs abdominales,
- des larmes
- une attaque de panique
Les symptômes psychiques de la phobie sociale
Les personnes concernées ont très peur (jusqu’à ce que ce soit une vraie angoisse) de la façon dont les personnes qui l’entourent peuvent la percevoir. Une fois la crise passée, la personne ressent comme une forte impression d’avoir été mauvaise ou une certaine honte et n’arrive pas à se libérer de ce sentiment. La personne qui souffre de phobie sociale a beaucoup de mal à être positive, à voir le bon côté des choses… Elle a souvent peu d’estime d’elle-même et se dévalorise constamment. D’ailleurs, elle pense que les autres personnes la critiquent et la jugent toujours de façon négative.
Voici les principales peurs ressenties :
- peur de se tromper, de mal faire quelque chose
- peur de parler en public
- peur de boire ou de manger devant les autres
- peur des moqueries et des jugements négatifs
- peur des examens, des tests, des évaluations
- peur de téléphoner
- peur d’avoir des symptômes physiques devant tout le monde (rougissement, sueurs, bégaiements…)
- peur des activités de groupe…
Les symptômes comportementaux de la phobie sociale
Forcément ces peurs vont pousser la personne, même si elle sait pertinemment que ses peurs sont irrationnelles, à adopter des comportements inadéquats. Le comportement commun à toutes les personnes atteintes de phobie sociale est l’évitement. La personne va chercher à tout prix à fuir les situations douloureuses, stressantes et angoissantes. Elle va alors se replier sur elle-même et s’isoler. Dans les faits, ce comportement ne permet pas à une personne de pouvoir lutter contre le mal qui la ronge, au contraire cela va renforcer l’écart entre elle et la société.
Vous avez encore un doute ? Vous pouvez faire ce test pour mesurer votre niveau de phobie sociale grâce à l’échelle d’anxiété sociale de Liebowitz :
Test de mon niveau d’anxiété sociale
Quelles sont les principales causes de phobie sociale?
Comme tout trouble psychiatrique, il existe une infinité de théories sur les raisons pour lesquelles une personne se trouve atteinte de phobie sociale. Ici, nous allons voir les trois causes principales qui pourraient expliquer l’arrivée ou le développement de l’anxiété sociale. Attention cependant, toute phobie sociale ne vient pas forcément ou uniquement de l’une de ces raisons.
Le cercle familial
Le cercle familial peut impacter le développement de l’enfant dès son plus jeune âge. En effet, certains schémas familiaux ne permettent pas à l’enfant de connaître des expériences de sociabilisation assez souvent ou assez tôt. Aussi, un enfant qui n’a pas trouvé de milieu où il se sente en sécurité tout au long de son enfance peut développer une phobie sociale lors de son adolescence.
Il existe aussi des cas de phobie sociale dans les familles où les parents sont très protecteurs (les enfants ne font pas face aux difficultés de la vie sociale), ou dans le cas où les parents sont très critiques (l’enfant a peur du jugement des autres).
Les expériences sociales
Parfois certaines expériences vécues peuvent être particulièrement traumatisantes voire humiliantes et cela à tout âge. Il est donc possible de développer une phobie sociale à l’âge adulte soit de façon soudaine, soit avec une certaine progression (une timidité qui devient peu à peu de la phobie sociale par exemple). Autre exemple: dans le cadre d’une phobie spécifique de performance (où la personne a peur de devoir s’exposer pour un oral ou pour prendre la parole), la personne peut avoir été traumatisée par ce qu’elle a vécu par le passé. Cela peut aussi être le cas pour les personnes qui ont des problèmes d’intégration avec leurs pairs et qui se sentent rejettées.
La phobie sociale peut se déclencher lors d’une situation particulière mais aussi de façon générale lorsque la personne est confrontée au regard des autres.
Les facteurs sociaux
La dernière cause évoquée ici est en lien direct avec la façon dont sont perçues et acceptées les personnes dites très timides et ayant des comportements d’évitement. Une tendance au rejet, de la part d’une société, peut mener une personne timide à développer une phobie sociale. Afin d’éviter cela, il est important d’entreprendre un travail sur soi (par exemple sur la confiance en soi, l’estime de soi…) et éventuellement de se faire aider par des professionnels si vous êtes déjà très timides.
En bref…
La phobie sociale est réellement un handicap pour ceux qui en sont atteints. A la différence d’une personne timide, une personne atteinte de phobie sociale va ressentir une angoisse, une panique, voire une terreur dans les situations où elle se sent observée, critiquée ou jugée. Le principal danger est l’isolement, ce qui peut amener à la dépression ou même dans certains cas au suicide.
Quand on a peur des autres, il est difficile de consulter ou de se faire aider, mais rappelez-vous que vous êtes capable de vous en sortir et d’avoir une vie « normale ». Ce n’est pas une fatalité !
Note : Les informations que je vous donne dans cet article sont exclusivement à titre informatif. Pour toute question, demandez conseil à un professionnel de la santé.